Depuis 1993, l’artiste berlinois Gunter Demnig crée des Stolpersteine (pluriel du mot allemand Stolperstein signifiant « pierres d’achoppement ») en mémoire des déportés. Ces petits pavés de béton ou de métal enfoncés dans le sol sont visibles principalement en Allemagne. Le 21 janvier, une Stopelrstein a ainsi été installée devant la basilique Saint-Antoine, entre la piazza del Santo et la via Orto botanique, en mémoire du père Placido Cortese, directeur du Messager de Saint Antoine pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce franciscain, dont la cause de canonisation est en cours, coordonnait secrètement depuis son confessionnal des opérations pour sauver des centaines de Juifs, des soldats alliés et des personnes persécutées par les nazis en collaboration avec le mouvement de la Résistance de Padoue.
La Stolperstein a été placée à l’endroit même où, le 8 octobre 1944, le frère fut enlevé par deux émissaires de la police secrète nazie et transféré dans le bunker de la Gestapo à Trieste. Il fut barbarement torturé pour obtenir les noms de ses collaborateurs avant d’être tué.
Son corps n’a jamais été retrouvé (il fut incinéré dans le camps de concentration de transit de la Risiera di San Sabba à Trieste) et les Allemands ne laissèrent aucune trace de son nom.
L’installation de cette « pierre d’achoppement » a eu lieu quelques jours avant la Journée en mémoire des victimes de l’Holocauste, célébrée le 27 janvier. Étaient présent le père Oliviero Svanera, recteur de la basilique Saint-Antoine; le père Giorgio Laggioni, vice-recteur et vice-postulateur de la cause en canonisation du Père Cortese; Sergio Giordani, maire de Padoue; Gianni Parenzo, président de la communauté juive de Padoue et enfin Giuliano Pisani, vice-président du comité scientifique de Padoue du « Jardin des Justes » dans le monde.
Lors de cette même cérémonie, ont été également placées trois autres Stolpersteine dédiées à d’autres déportés, Celina Trieste, Guido Usigli et Ester Giovanna Colombo. À Padoue, il en existe désormais 28.
En 2018, le président de la République Italienne, Sergio Mattarella, a décerné la Medaglia d’oro al merito civile (médaille d’or au mérite civil) au père Cortese.
Ce frère est un martyr de la charité, à l’instar de son confrère polonais le père Maximilien Kolbe qui, dans l’enfer de Auschwitz, a offert sa vie pour sauver un père de famille. Les deux franciscains martyrs sont à présent commémorés au même endroit, à côté de la Basilique.