Samedi 24 juillet, lors de la 44e session du Comité du patrimoine mondial à Fuzhou, l’inscription de Padova Urbs picta sur la liste des sites de l’UNESCO a été officiellement proclamée.
Une reconnaissance importante et collective qui récompense le système padouan de huit cycles de fresques remontant au XIVe siècle, dont deux appartiennent à l’extraordinaire complexe monumental antonien : la Basilique et le Couvent Saint-Antoine (œuvres de Giotto dans la Chapelle de la Vierge Noire, dans la Chapelle des Bénédictions et dans la Salle Capitulaire ; de Giusto de’ Menabuoi dans la Chapelle du bienheureux Luca Belludi, d’Altichiero da Zevio et Jacopo Avanzi, dans la Chapelle Saint-Jacques) et l’Oratoire Saint-Georges sur le parvis de la Basilique (cycle de fresques par Altichiero da Zevio).
Le site comprend également les cycles de fresques suivants : Chapelle des Scrovegni, église des Saints Philippe et Jacques aux Eremitani, Palazzo della Ragione, Baptistère de la cathédrale, Chapelle de la Reggia Carrarese et l’Oratoire Saint-Michel.
Voici la raison de l’inscription des cycles de fresques sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO:
« Il s’agit d’une manière totalement nouvelle de représenter la narration en peinture, avec de nouvelles perspectives spatiales influencées par les progrès de la science de l’optique et une nouvelle capacité à représenter les figures humaines, dans toutes leurs caractéristiques, y compris les sentiments et les émotions. Ces innovations marquent une nouvelle ère dans l’histoire de l’art, produisant un changement de direction irréversible ».
Le recteur de la basilique Saint-Antoine, le père Oliviero Svanera, a ainsi commenté la décision du comité international :
« La proclamation de l’UNESCO, qui place la Basilique et ses trois sites au premier plan, devient un motif non seulement pour un engagement renouvelé de sauvegarde et de diffusion d’un patrimoine artistique unique au monde mais aussi, pour nous, en tant qu’Église, elle devient une occasion de renouveler une proposition de rencontre avec la foi qui est à l’origine de ces œuvres. À travers les fresques de la Basilique - je rappelle aussi l’immense patrimoine artistique représenté par les sculptures du tombeau du Saint et par celles par Donatello dans le presbytère - nous voulons faire ressortir, outre les aspects touristiques, techniques ou culturels de la contemplation de la beauté de ces œuvres, la possibilité d’une rencontre avec Celui qui est signifié dans ces œuvres, le Christ Sauveur. C’est le chemin de l’Évangile, de l’évangélisation par la via pulchritudinis dont parle le pape François dans Evangelii gaudium. Le chemin de la beauté qui, à partir de l’expérience de la rencontre avec la beauté de l’art suscitant l’émerveillement, peut ouvrir la voie à la recherche de Dieu et disposer le cœur et l’esprit à la rencontre avec le Christ, Beauté Incarnée offerte par Dieu aux hommes pour leur Salut ».
LES SITES DE PADOUE URBS PICTA AU SAINT
Basilique et couvent Saint-Antoine
Les premiers témoignages de la présence de Giotto à Padoue sont conservés dans la basilique et le couvent Saint-Antoine. Giotto a œuvré dans la Chapelle de la Vierge Noire, la Chapelle des Bénédictions et la Salle capitulaire dans une période située autour de 1302-1303, peu avant la décoration de la Chapelle des Scrovegni.
C’est pourquoi le site « Cycles de fresques du XIVe siècle à Padoue » représente chronologiquement le début de l’activité de Giotto dans la ville, œuvres dans lesquelles on peut voir comment le maître florentin avait déjà jeté les bases de sa recherche sur la perspective et le rendu de l’espace, qu’il exprimera pleinement peu après dans la Chapelle des Scrovegni.
La Basilique abrite également d’autres protagonistes majeurs de l’histoire de la peinture à fresque du XIVe siècle à Padoue : Giusto de’ Menabuoi, Altichiero da Zevio et Jacopo Avanzi, auteurs de cycles de fresques de très grande qualité qui témoignent de l’histoire du grand mécénat padouan lié à la Seigneurie des Carraresi.
Oratoire Saint-Georges
Situé sur le parvis de la basilique Saint-Antoine, se trouve l’Oratoire de San Giorgio, le mausolée familial commencé par Raimondino Lupi di Soragna pour abriter la dépouille de Bonifacio. Il a été construit selon le même modèle architectural et la même méthode narrative que la Chapelle des Scrovegni, plus de 70 ans après son achèvement. L’Oratoire Saint-Giorgio présente un cycle pictural peint par Altichiero, qui en a entièrement décoré les murs intérieurs, entre 1379 et 1384, avec la collaboration de Jacopo da Verona.
S’inscrivant dans le cadre du site sériel « Les cycles de fresques de Padoue du XIVe siècle », le cycle suit le chemin entamé par Altichiero dans la Chapelle Saint-Jacques avec la recherche de l’illusionnisme perspectif, en particulier dans l’architecture, le rapport entre l’espace réel et l’espace peint, avec une nouvelle attention à la luminosité de la couleur.
Les peintures d’Altichiero exaltent les vertus guerrières de la famille Lupi, au service de la famille dei Carraresi et de la ville. La qualité de la peinture, le chromatisme raffiné, les solutions de perspective et l’adhésion à la réalité font de ce cycle un chef-d’œuvre novateur qui anticipe la spatialité de la perspective du XVe siècle.
L’intention déclarée de se référer au modèle de la Chapelle des Scrovegni est évident en observant l’Oratoire Saint-Georges : la disposition architecturale, la décoration en cadres, l’organisation des scènes en registres superposés et la référence précise à la voûte étoilée avec des personnages dans des clipeus, tout cela fait bien référence à Giotto, mais est actualisé selon le nouveau style gothique.